Voir les séminaires autrement avec la distance : une nouvelle dimension dans l’apprentissage des étudiants


Initialement, des séminaires en présentiel avaient été programmés : une demi-journée où les étudiants travaillent en groupe autour d'un projet, sous forme de classe inversée. Le thème du séminaire était sur la méthodologie de construction d'un questionnaire d'analyse de besoin pour le service sanitaire des étudiants en santé. 210 étudiants des filières de formation pédicure-podologue, ergothérapeute et masso-kinésithérapeute de l'IFPEK étaient inscrits à ces séminaires de méthodologie.
Avec le confinement, l'équipe pédagogique a souhaité maintenir le séminaire et ainsi l'organiser à distance. Le séminaire s'est donc déroulé en distanciel sur un temps discontinu entre le 16 et le 18 mars. L'espace de cours Moodle du séminaire a été reconfiguré pour tenir compte de la contrainte de la distance et soutenir les étudiants dans cet atelier : consignes et scénario du séminaire, espace de dépôt de document.
En plus de l'espace de cours, nous avons mise en place un espace de régulation synchrone sur Framapad, (espace pensé autant synchrone qu'asynchrone). Les formateurs étaient présents 2h par demi-journée pour répondre aux questions sur le tchat (synchrone) et formaliser les questions/réponses sur le pad (asynchrone).

Scénario du séminaire :
  • première demi-journée : co-élaboration avec les étudiants des consignes et du planning de rendu des différents documents. Nous avons eu jusqu'à 43 étudiants connectés en même temps sur le Framapad.
  • les étudiants ont eu la fin de journée du lundi, la journée du mardi et une partie de la matinée du mercredi pour lire les différentes ressources méthodologiques, construire un questionnaire à partir du thème qui leur avait été donné dans un autre séminaire (ils avaient une bonne connaissance du sujet à traité dans le questionnaire). Un premier dépôt d'une adresse de questionnaire en ligne a été demandé pour 10h le mercredi matin.
  • les étudiants avaient ensuite 2h pour répondre à 4 questionnaires au hasard (la répartition des questionnaires à répondre leur avait été préalablement faite et transmise au début du séminaire)
  • une synthèse d'une page des points méthodologiques à retenir, au vu de cette double expérience de concepteur et de répondant, devait être déposée à 18h le mercredi. Nous en avons ensuite fait un bilan écrit de ces synthèses que nous avons déposé sur l'espace de cours, tout en laissant le forum ouvert pour les dernières questions.

La consigne avait été donné de faire le travail en individuel (au vu de la situation de crise et de la distance), tout en laissant libre de se regrouper s’ils le souhaitaient. Au final, les étudiants ont préféré à 90% travailler en groupe, malgré la distance.
Bilan de ce séminaire (questionnaire transmis aux étudiants 1 journée après la fin du séminaire) : nous avons eu 30% de retour (ce qui situe cette évaluation dans la moyenne des habitudes de l'IFPEK).
L’espace collectif de régulation (avec permanence des formateurs) a été utilisé par 52% des étudiants : ils ont trouvé cela utile à 43%.
30% des répondants n'ont pas eu besoin de venir poser des questions, les consignes leur semblant suffisamment claires.
Au niveau satisfaction, moins de la moitié des répondants étaient confiants au début du séminaire : 42%, contre 10% sur le premier séminaire méthodo qui se déroulait en présentiel (ce chiffre en évolution montre une progression de la confiance dans l’organisation et dans la méthode de séminaire type classe inversée, entre le 1er et le 2e séminaire). A la fin du séminaire, 96% se sont sentis capable à de remplir la commande (ce qui nous semble être un marqueur du développement d’un sentiment de compétence chez les étudiants). La distance ne semble pas avoir été un frein à leurs apprentissages.

Globalement, la lecture des synthèses des étudiants montre que les étudiants ont bien atteint les objectifs pédagogiques que nous avions fixés pour ces séminaires : ce qui a été trouvé par l'expérience des étudiants aurait été délivré classiquement lors un CM. Nous pourrons vérifier la portée de ces premières expérimentations aux outils de recherche au cours des prochains travaux que nous demanderons aux étudiants.
En conclusion, voici quelques Verbatim des étudiants :
  • "Le plus gros problème c'était la distance, mais ça vous n'y pouviez rien, donc mis à part ça, les consignes étaient plutôt compréhensives"
  • "Je vous remercie pour l'organisation du séminaire en ligne malgré le confinement et le temps de préparation très court pour vous organiser"
  • "Cela a été compliqué de le faire à distance, quand certains étaient disponibles, d'autres ne l'étaient pas (travail ou autre travail à faire pour l'école) mais grâce à la cohésion de groupe, nous avons réussi à nous organiser"
Le dernier verbatim nous semble être un bon marqueur de la capacité d'adaptation des étudiants et de la puissance d'un collectif dans la réalisation d'un travail nouveau et complexe pour les étudiants.

Yann Le Faou (Attaché de recherche - PhDc)
Carine Menou, Amélie Larget (Formatrice)