Cultures Numériques : le projet RFI-OIC

Le projet Cultures Numériques est né d’un travail collégial entre différents établissements d’enseignement supérieur, à savoir : Audencia, l’ENSA, TALM Angers, l’UN Nantes et l’Ecole de Design Nantes Atlantique. Ce groupe a décidé de se pencher, il y a 2 ans, sur la question des cultures de pratiques numériques chez les étudiants. Forcés de constater que l’enseignement sur ces questions d’usage et de citoyenneté numérique étaient abordés de façon très hétérogène dans les parcours de formation des étudiants de l’enseignement supérieur ; ce qui était un groupe de travail s’est transformé, sous l’impulsion d’un financement RFI OIC, en un projet d’ingénierie de formation partagée autour de la construction d’une culture numérique commune. Ce présent article présente les ancrages, l’avancée, les rencontres et les péripéties du projet.

L’enjeu des compétences numériques aujourd’hui

La culture numérique est une notion quelque peu nébuleuse et abstraite, son acception ici renvoie à un ensemble d’habitudes, de pratiques, de techniques, de modes de pensée et de valeurs liées à l’utilisation et aux usages des outils numériques. Elle traverse de multiples dimensions, sociales, politiques, économiques, environnementales, éducationnelles, personnelles et professionnelles. En raison du caractère abstrait de cette définition qui pourrait sous-tendre une culture numérique uniforme, nous choisissons de parler de cultures numériques plurielles, pour témoigner notamment de la grande diversité des cultures de pratiques numériques.

Au regard du déploiement massif de l’approche par compétence dans l’enseignement supérieur, impulsé par le processus de Bologne, mais aussi de la nature pédagogique du projet, nous considérerons ici la culture numérique comme un ensemble de ressources concourant au développement des compétences numériques. Ces dernières sont définies par le site francenum.gouv.fr comme “un ensemble d'aptitudes relatives à une utilisation confiante, critique et créative du numérique pour atteindre des objectifs liés à l'apprentissage, au travail, aux loisirs, à l'inclusion dans la société ou à la participation à celle-ci”.

L’accélération croissante des innovations technologiques des dernières décennies et leurs impacts sociaux, économiques, environnementaux et politiques, posent au quotidien des questions sur notre pouvoir d’agir en tant que citoyen sans que celles-ci ne soient clairement identifiées pour autant par toutes et tous. En parallèle, le déploiement massif et contraint de l’approche par compétence, impulsée par le processus de Bologne au sein des parcours de formations, inscrit le développement et la reconnaissance des compétences (numériques ou non) dans une perspective d’apprentissage tout au long de la vie et de professionnalisation : l’étudiant doit à présent être en mesure de s’adapter aux changements technologiques, en cours et à venir, et de comprendre ce qu’ils sous-tendent pour agir de façon éclairée sur le monde d’aujourd’hui et de demain.

Les “compétences numériques” sont définies par le site francenum.gouv.fr comme “un ensemble d'aptitudes relatives à une utilisation confiante, critique et créative du numérique pour atteindre des objectifs liés à l'apprentissage, au travail, aux loisirs, à l'inclusion dans la société ou à la participation à celle-ci”.

Ces compétences numériques sont hiérarchisées à échelle européenne en 8 niveaux de maîtrise par The digital competence framework for citizens ; fondamental (niveaux 1 & 2), intermédiaire (niveaux 3 & 4), avancé (niveaux 5 & 6) et hautement spécialisé (niveaux 7 & 8). Ce référentiel a lui même été adapté en France par la start-up d'état PIX qui propose une plateforme d’évaluation et de certification des compétences numériques sur cette même progression. Aujourd’hui, le PIX s’intègre aux parcours de formation comme à la recherche d’emploi, avec pour idée que les compétences numériques ne cesseront de pouvoir évoluer tout au long de la vie.

Toutefois, le dispositif PIX ne couvre pas l’ensemble des pratiques et usages et ne peut se substituer à un enseignement spécifique au regard de la grande diversité et comlexité des sujets relatifs aux usages numériques. Le groupe de pilotage a notamment relevé trois thématiques qui gagneraient à être développées en complémentarité du PIX :

  • L’éthique et l’esprit critique des usages numériques : abordée de façon secondaire dans le PIX, cette thématique est pourtant prioritaire, avec pour idée de proposer l’éthique comme mode d’action, de développer une approche instrumentée et réflexive pour agir de façon éclairée dans un monde technologisé.

  • Le prototypage et la fabrication numérique : les technologies de production se démocratisent et deviennent ainsi de plus en plus accessibles, elles ont par ailleurs une place capitale dans les formations professionnalisantes dispensées par des établissements préparant à des activités de conception, d’ingénierie ou de créativité.

  • Les expériences immersives et leurs dispositifs en réalité augmentée, mixte ou virtuelle : ces technologies se développent de plus en plus offrant de nouveaux possibles. Pour autant la thématique des immersions et des dispositifs immersifs reste empreinte de techno-imaginaires forts qu’il convient de réinterroger par la connaissance et l’expérimentation de dispositifs convoquant ces technologies.
Une collaboration et coopération ouverte en ingénierie de formation :

Le développement du projet s'ancre sur les notions de collaboration et de coopération. La collaboration est pensée à diverses échelles : l'ensemble des partenaires, dans la mesure de leurs possibles, co-construit ensemble l'architecture de la formation, valident ensemble les choix d'orientation de la formation ; la formation proposée aura par la suite vocation à faire persévérer la collaboration pour actualiser les contenus et s'ancre ainsi dans le mouvement et l'ouverture des ressources éducatives libres. La coopération elle intervient en complément dans les phases de production.

Le ratio collaboration/coopération était une variante difficile à gérer ; les parties prenantes du projet ayant des planning et impératifs différents ne permettant pas nécessairement de structurer les phases de collaboration de façon suffisamment régulière. Cette situation a necessité de faire des choix plus directifs et moins collaboratifs, favorisant davantage les phases de coopération.

L'organisation de la collaboration s'est effectuée par l'attribution de rôles ainsi que des missions partagées :
- l'ensemble du groupe, le noyau dur, avait pour rôles de décider des orientations stratégiques à prendre et pour mission d'alimenter la veille partagée sur le drive, de participer aux ateliers en qualité d'experts ou de facilitateurs.
- un groupe d'ingénieurs pédagogiques était dédié à la construction de la maquette et du déroulé pédagogique, réunissant des professionnels d'Audencia, de l'Université de Nantes, de l'Ecole de Design Nantes Atlantique et de l'ENSAD.
- des temps de travail, sous forme d'ateliers, ont permis d'avancer et d'ouvrir la collaboration à des acteurs externes au projet ; facilitant la prise de recul sur le travail en cours et donc les décisions stratégiques.
- l'Université de Nantes nous a permis d'héberger le parcours de formation.