Veille Libre et communs en formation

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Veille libre
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Innovation Pédagogique

Un article, sous licence CC by sa, repris du site de l'éveilleur, espace web de l'université de Sherbrooke une publication sous licence variable

Depuis 2019, l'Université de Sherbrooke est associée au mouvement l'éducation ouverte grâce à sa participation active au sein de la fabriqueREL. Il s'agit d'un projet interétablissement en enseignement supérieur qui a comme mission d'accompagner dans la création de ressources éducatives libres (REL) disciplinaires francophones de qualité. Encore cette année, il est possible pour les personnes enseignantes en enseignement supérieur de soumettre un projet de création ou d'adaptation de REL.

Pour être admissible, le projet doit s'inscrire dans l'une des deux catégories suivantes :

  • Catégorie 1 – Manuel (entre 10 000 $ et 15 000 $)
  • Catégorie 2 – Notes de cours (entre 5 000 $ et 10 000 $)

Accédez au guide et formulaires pour soumettre un projet. Date limite : lundi 11 mars 2024 à midi

L'UdeS et les REL : une ouverture naturelle depuis 2019

La communauté UdeS s'est, depuis le début, montrée interessée aux REL et très ouverte aux partages des ressources d'enseignement. Plusieurs projets de REL qui ont été produits par des personnes enseignantes en collaboration avec la fabriqueREL :

  • La démarche entrepreneuriale : Qui suis-je, Où vais-je, Comment y aller ?, Jean Bibeau, École de gestion, 2022-2023 (en cours de complétion), CC BY-NC.
  • Modélisation et analyse spatiale dans R. Philippe Apparicio, Département de géomatique appliquée, 2023 (en cours de complétion), CC BY.
  • Manuel d'autoformation en lien avec une approche culturelle de l'enseignement au primaire, Mélanie Champoux, Faculté d'éducation, 2023 (en cours de complétion), CC BY-SA.
  • Calcul multivariable :Une approche libre, Juan-Carlos Bustamante, Département de mathématiques, 2022, CC BY-NC-SA.
  • Être humain : Rencontre et accompagnement, Marjorie Désormeaux-Moreau, École de réadaptation, 2021, CC BY et CC BY-NC-SA (les balados).
  • Valoriser les données pour soutenir la réussite scolaire, Daniel Chamberland-Tremblay, École de Gestion, 2021, CC BY-NC-SA.
  • Banque ouverte d'activités d'analyse d'images de télédétection et de sorties terrain autoguidées, Amélie Fréchette, Département de géomatique appliquée, 2021, CC BY-NC.
  • Simulation de développement modulaire : jeu vidéo rétro, Marie-Flavie Auclair-Fortier, Département informatique, 2020, CC BY-NC.
  • Module de mise en forme sur les intégrales, Virginie Charette, Département de mathématiques, 2020, CC BY-SA.
  • Série de 13 manuels de physique, David Sénéchal, Claude Bourbonnais, André-Marie-Tremblay, Département de physique, 2020, CC BY-NC.

Sources :

fabriqueREL. (s.d.). https://fabriquerel.org/


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[Extrait d'un post LinkedIn]

Grandes Ecoles : la politique des petits pas ne suffira pas !

💡 Depuis mars 2023, nous travaillons avec une équipe d'étudiants motivés à la création d'un master interdisciplinaire en "Politiques de l'urgence écologique". Un projet inédit en France, qui devait rassembler 8 écoles lyonnaises, des dizaines d'étudiants et enseignants, qui avait pour vocation de casser les murs entre les disciplines pour espérer faire bouger le monde de l'enseignement supérieur.

❌ Verdict : ce projet n'aboutira pas, nos écoles ayant préféré une option moins difficile à mettre en place, un DIU (pour Diplôme Inter-Universitaire, formation plus courte et dont le diplôme n'est pas reconnu par l'Etat). Or, les formations sur les transitions existent partout, mais sont très rarement accréditées et, souvent, n'adressent pas le problème de manière globale. La demande des étudiants, de plus en plus partagée, de masters adressant frontalement la question de l'urgence écologique, est motivée par la nécessité de former des décideurs et décideuses aux compétences reconnues, qui sauront impulser des dynamiques de changement dans tous les milieux professionnels dans lesquels ils seront amenés à travailler.

🗣 Aujourd'hui, nous lançons une bouteille à la mer, en publiant notre travail de ces 6 derniers mois pour que les écoles et universités puissent s'en saisir.
Maquette pédagogique, présentation des objectifs, budget, grille de compétences : tout est là. Ces documents ne sont pas parfaits, mais ils ont l'avantage d'exister.

🏛 Nos formations ne peuvent plus se permettre de rester aveugles et sourdes aux grandes transformations qui nous attendent. La "politique des petits pas", bien que compréhensible et légitime, nous amène droit dans le mur - à peine moins vite que l'inaction.
Aux étudiants, aux enseignants, à tous ceux qui souhaitent que l'enseignement supérieur bouge : contactez vos écoles et saisissez-vous de ce type d'initiative.

Comme cela est rappelé dans le document ci-dessous :

"Nous sommes étudiants au XXIe siècle. Notre génération est appelée à gérer un monde qui part à la dérive, et nous ne sommes pas formés à le faire."

Malgré tout, et en l'absence de réaction suffisante de la part de nos décideurs, nous devons continuer d'imaginer, d'impulser et de défendre la nécessité d'une bascule.


La proposition de Mastee interdisciplinaire sur l'urgence écologique

Pour le Collège des Hautes Études Lyon Science[s]

extrait du document en pièce jointe à l'article

Sur les objectifs pédagogiques

Ce master, généraliste et professionnalisant, doit permettre aux étudiants :

  • D'approfondir leurs connaissances dans les domaines les plus critiques à la compréhension de l'urgence écologique, de ses origines et de ses solutions ; intégrant des enseignements en sciences humaines et sociales, en sciences expérimentales, en sciences de l'ingénieur, en droit et en management, et permettant l'obtention d'une vision systémique globale ;
  • De se doter de compétences concrètes visant la mise en oeuvre de politiques de redirection écologique ambitieuses dans des milieux professionnels variés ;
  • De développer leur esprit d'initiative et la volonté d'être utile plus qu'important, afin de former une nouvelle génération de diplômés qui sauront prendre en main les défis du siècle.

Sur le contenu

Pour rappel : le Shift Project recommande au minimum 165 h d'enseignement théorique pour adresser correctement la seule problématique énergie-climat. Or cette formation a pour objectif d'aller plus loin, en étendant le champ des enseignements pour donner une vision systémique et pluridisciplinaire des enjeux de l'urgence écologique. La proposition de maquette pédagogique (voir annexe A1) additionne les heures de cours théoriques et pratiques, qui permettent aux étudiants d'appréhender l'aspect concret des transitions, et repose sur une base de 650 h de cours en 2 ans.

La 1ere année de master est pensée comme année d'études interdisciplinaire axée sur la compréhension des enjeux écologiques et l'analyse des constats alarmants dans tous les domaines de la société.

La 2e année s'axerait quant à elle sur une mise en mouvement des étudiants et l'utilisation des connaissances acquises en 1ere année pour développer la capacité à impulser le changement, via de nombreux cours-projets et des méthodes pédagogiques innovantes.

A noter qu'il nous semble essentiel, pour les étudiants du CHEL[s] qui n'auront pas eu l'opportunité d'entrer dans cette formation en M1, de permettre l'admission directe en M2, sous réserve d'avoir les prérequis nécessaires pour compenser l'absence de la première année de cours.

Sur l'aspect fonctionnel

S'agissant des locaux, il est proposé que les étudiants suivant ce master aient cours chaque semestre dans une école différente du CHEL[s]. Cela afin de préserver une certaine stabilité dans la mise en place des enseignements tout en permettant aux différentes écoles de mutualiser leurs équipements.

Certaines écoles ayant plus d'espace à mettre à disposition, le dialogue doit s'engager pour arriver au meilleur compromis.

S'agissant des cours, les enseignements proposés dans la maquette pédagogique sont des cours créés spécifiquement pour cette formation et nécessiteront donc certains enseignements dédiés.

L'organisation proposée du master est la suivante :

1. Tronc commun : cours magistraux interdisciplinaires évoluant autour de 4 grandes thématiques : Constats scientifiques / Economie / Politique / Société et culture.

2. Cas pratiques : cours opérationnels et professionnalisants, faisant appel à des intervenants extérieurs.

3. Projets transversaux (M2) : cours-projets semestriels dont la thématique est à choisir par les étudiants parmi une liste prédéfinie, avec l'objectif d'aborder l'aspect le plus concret de leur apprentissage via des partenariats avec des professionnels


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Convaincu qu'une veille rendue publique peut servir à d'autres et qu'elle ne peut que s'enrichir si son écriture est ouverte à des contributions, je cherchais vainement depuis quelques années un outil simple d'usage qui le facilite.

Voici une courte présentation d'une solution collaborative qui permet de publier une référence d'un simple clic sur un marque page de son navigateur et ses premières mises en oeuvre dans l'environnement Yeswiki des Riposte Créative.

Les difficultés d'une veille partagée

Mes premières publications de veille remontent au début des années 2000 quand élu au numérique à Brest, j'ai voulu donner à voir les textes (articles, interviews, diaporamas...) produits autour de la politique publique du numérique à Brest. Dans une approche de coopération ouverte, il me semble important de rendre public, de "donner à voir" ce qui est réalisé, surtout lorsque c'est financé avec de l'argent public [1].

Le développement de wiki-brest, carnets d'écritures collaboratives au pays de Brest en utilisant la plate-forme médiawiki m'a alors fait utiliser cet outil pour publier une trace de l'action publique appuyé par une compétence interne au service "internet et démocratie locale' de la ville sur cet outil et un hébergement associatif chez le chaton brestois Infini.

Différentes collectes ont alors été développées sur un espace dédié "wiki-a-brest" :

Cette écriture en médiawiki était ouverte à tous (via wiki-brest en particulier) mais elle demande un effort : aller à la bonne page pour écrire, l'éditer, ajouter "à la main" le texte et le lien associé.

Comme nous n'avons pas appris à documenter nos projets et initiatives et encore moins les projets semblables des autres, inciter à partager une référence a toujours demandé un certain volontarisme et cette écriture publique s'est naturellement arrêtée sur cet espace quand j'ai terminé mon mandat électif.

Dans une même logique nous avons aussi développé un espace collaboratif plus large Intercoop réseau des réseaux francophones autour des transitions, de la coopération, de l'intelligence collective et des pratiques collaboratives autour des communs numériques, ou autour des pratiques collaboratives.
Cette veille publique a connu une belle audience avec plus d'un million de pages vues et m'a motivé à poursuivre dans une veille publique.

Intercoop, est né aux Etés Tic de Bretagne en 2007 dans le prolongement du groupe IC-Fing, du Forum des usages coopératifs, des ateliers sur la coopération d'Autrans et des rencontres Moustic

Des bibliothèques de liens ont aussi été mises en oeuvre après un développement médiawiki (merci Fred) telle une liste de 500 sites francophones sous Creative Commons. Beaucoup de ces répertoires n'ont pas survécu à un changement de version PHP et au départ de la personne compétente du service (c'était un peu technique). [2]

J'ai aussi essayé des outils de gestion de flux RSS comme Netvibes mais il était difficile d'en faire un outil collaboratif. La collecte avec ce type d'outil est par ailleurs peu sélective sur les contenus et limitée aux sites ayant un flux RSS.

Le tournant des Riposte Créative

C'est la crise du Covid qui m'a fait pratiquer l'outil Yeswiki où, avec Laurent Marseault, nous avons mis en oeuvre Riposte Creative Territoriale pour un collectif animé par la Direction de l'innovation du CNFPT.

Plusieurs articles de ce blog présentent la dynamique collaborative facilitée par cet outil convivial. [3]. Et ces dernières années les usages de cet outil libre se sont largement développés dans le monde associatif et de la transition. [4]

Dans l'esprit de cet espace ouvert en écriture sans contrôle préalable plusieurs autres espaces ont été développés tels

  • Riposte Créative Bretagne initié avec Benoît Vallauri qui référence aujourd'hui 800 initiatives en solidarité (en réponse à la crise du Covid) puis autour de l'innovation sociale, des communs, du climat et de la transition
  • Riposte Créative Pédagogique initié avec Jean Marie Gilliot qui a cherché à mutualiser les réponses dans l'enseignement supérieur aux situations de confinement ouis s'est lui aussi élargi aux réponses à la crise climatique et plus récemment à l'arrivée des IA génératives.

Habitué aux sites contributifs outillés par spip, (tels Innovation pédagogique et transition et a-brest ou Bretagne-Créative basés sur l'écriture d'articles, j'y ai découvert une forme d'écriture plus facile d'accès sous forme de fiches renseignées à l'aide de petits formulaires indexés par des mots-clés.

Ces deux modes d'écriture sont complémentaires comme le montrent notamment les aller-retour via les flux RSS entre site spip d'Innovation pédagogique et transition et Yeswiki de Riposte Créative Pédagogique.

La découverte du référencement par marque page

C'est au détour d'une question posée sur le Forum Yeswiki que Fred Renier de Supago Florac m'a fait découvrir son tutoriel " bookmarklet veille partagée " permettant d'installer un marque page actif qui entre la référence d'un lien web et son titre d'un simple clic.

Enfin il devient facile de réaliser une veille sur un sujet, réutilisable par d'autres et ouverte aux contributions. Et surtout cela se fait d'un simple clic au fil de vos lectures dés lors que le bouton associé à la veille est glissé dans vos marque page.

Vous pouvez en voir une mise en oeuvre sur les veilles
dans Riposte créative pédagogique

Dans cette phase d'expérimentation après avoir été séduit par la facilité d'usage et la simplicité d'installation (compter 10mn si on on est un peu familier d'un yes wiki) cela m'intéresserait d'échanger avec d'autres utilisateurs sur des retours d'usage d'une veille partagée.

Pour ma part, ayant du temps étant retraité, je mets un peu d'énergie pour donner à voir les initiatives en transition (les centaines de fiche de Riposte Créative Bretagne ou de Riposte Créative Pédagogique et cette veille me semble un complément utile pour afficher des liens que j'ai trouvé intéressants et qui peuvent être utiles à d'autres. C'est aussi le pari à vérifier qu'une veille collaborative est plus riche et demande moins d'effort qu'une addition de veilles individuelles menées en parallèle chacun.e de son côté.

Les étapes pour installer une veille partagée

Je reprends ici sous forme de texte la démo du tutoriel de Fred Renier que je vous recommande vivement. Cet écrit me sert de pense bête dans mes installations de veilles partagées.

  • il vous faut initier une base de donnée dans votre yeswiki (en étant connecté comme admin)
  • en ajoutant un "bookmarklet" via le constructeur graphique
  • en éditant une instance de votre base il apparait comme "saisir une fiche" que vous glissez dans votre barre de marque page
  • dans une page qui servira à afficher les liens partagés, vous ajoutez un composant "bouton"
  • vous copier le code javascipt copié du marque page (via modifier le marque page)
  • vous éditez le bouton en remplaçant le champ lien par ce code
  • il ne reste plus qu'à ajouter le composant éditer la base pour afficher les résultats de la veille
  • j'ai aussi modifié le nom du marque page pour qu'il soit plus intuitif d'usage comme "veille IA"

Bien sur pour que cela fonctionne, il vous faut cliquer sur ce marque page sur quelques pages jugées intéressantes.

NB : Dans mes veilles sur IA génératives en formation et conventions citoyennes en Bretagne j'ai rajouté quelques listes de mots clé pour faciliter l'accès aux ressources référencées.


Merci de vos retours


[1] voir à ce sujet Premier pas vers une gouvernance contributive, Retour d'expérience sur une politique publique du numérique à Brest

[2] il y aurait un travail de récupération à faire à partir des archives d'internet archivz

[4] voir par exemple la page "Ils utilisent YesWiki"


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Durant la crise du Covid la direction innovation publique du CNFPT (Centre National de la Formation Publique Territoriale) a utilisé un espace collaboratif ouvert : Riposte Créative Territoriale pour poursuivre ses activités durant le confinement. Pendant deux ans, quelques dizaines de personnes ont ainsi développé un espace dans un esprit de communs, en participation ouverte, où tout ce qui était produit était public et rendu réutilisable par une licence Creative Commons. Une étude menée à travers 13 interviews a permis d'expliciter ce que recouvrait pour les participants actifs à Riposte Créative Territoriale cette pratique des communs. Communiqués lors d'un colloque ESREA à Milan (Sanojca Briand, 2022), les résultats de cette étude proposent une grille en dix niveaux pour décrire l'appropriation des communs. Cet article présente cette grille, pour la rendre accessible et réutilisable lorsqu'il s'agit d'évaluer un niveau d'engagement dans la participation aux communs. L'écrit s'appuie sur le texte de la communication parue dans les actes du colloque "New seeds for a world to come : policies, practices and lives in adult education and learning"

Cette grille est maintenant utilisée dans une nouvelle étude auprès d'une communauté d'agents du service public "Utilo", autour de la facilitation. le projet Utilo Tilab laboratoire d'innovation publique d'intérêt général commun. Cette nouvelle étude interroge "en quoi la pratique des communs peux être facteur d'émancipation au travail".

Résultat d'une étude auprès des acteurs de Riposte Créative Territoriale durant le confinement et la crise du Covid

La notion de communs est définie par trois caractéristiques interdépendantes : «
(1) une ressource en accès partagé ;
(2) un système de droits et d'obligations (un faisceau de droits) qui précise les modalités de l'accès et du partage des bénéfices associés entre les ayants-droit et enfin
(3) l'existence d'une structure de gouvernance qui veille au respect des droits et à la garantie de la reproduction à long terme de la ressource » (Coriat, 2017, p. 267). [1]

Michel Briand : Pourrais tu te présenter en quelques mots ?

ES : Je m'appelle Elzbieta Sanojca, je suis maître de conférence en sciences de l'éducation à l'université de Rennes 2. Je m'intéresse à la formation des adultes et en particulier à la manière dont les adultes apprennent. Cela concerne non seulement les formes formelles d'apprentissage (formation continue par exemple), mais aussi et surtout les formes non formelles voire informelles d'apprentissage, par l'activité de travail par exemple, l'engagement dans des collectifs professionnel ou citoyen etc...

Dans les différents contextes où l'apprentissage peut se produire, je m'intéresse en particulier à la dynamique collaborative qui conduit à la co-construction des savoirs. Mes travaux actuels s'inscrivent en continuité de ma recherche doctorale (Sanojca, 2018) qui portait sur l'analyse des compétences collaboratives et leur développement en formation des adultes. [2]

MB : Peux-tu présenter l'étude réalisée autour de Riposte Créative Territoriale Créative et de la pratique des communs à cette occasion ?

ES : C'est une étude qui porte sur le collectif qui, au sein de la direction Innovation du CNFPT (Centre National de la Formation Publique Territoriale), a ouvert un espace collaboratif nommé Riposte Créative Territoriale, en réponse à la crise du Covid-19 [3].

Si les personnes impliquées dans cette dynamique ont été auparavant sensibilisées aux pratiques de l'innovation publique, cette nouvelle expérience de Riposte a fait apparaître un éléments particulièrement intéressant : ces collectifs apprenants ad hoc ont tenu à affirmer une valeur particulière attribuée à à la dynamique d'apprentissage et aux ressources produites collectivement (les connaissances). Le terme de « communs » en référence aux travaux d'Elionor Ostrom a été choisi par les acteurs des Ripostes pour designer cette valeur.

C'est par le choix de ce terme qu'apparaît le lien avec mes précédents travaux : je rappelle rapidement que " avoir le souci des communs " est le troisième pivot [4] des compétences collaboratives que j'ai identifié dans ma thèse [5].

La notion de communs est importante dans la dynamique de collaboration. Avoir ce souci des communs peut renforcer la durabilité d'efforts collectifs pour travailler sur le projet. Cela se produit, lorsque les collectifs se questionnent sur la nature de ce qui est collectivement produit et en plus lui confèrent la valeur de communs par exemple par l'attribution d'une licence de partage telle les « Creative Commons ».

Ce qui m'a paru intéressant de questionner dans le cas de Riposte est de savoir :

en quoi cette forme de valorisation des productions issues des apprentissages en communs (les connaissances) fait naître de nouvelles pistes pour penser la formation des adultes aujourd'hui ?

MB : Quelles étaient les personnes concernées par ces entretiens ?

ES : Riposte Créative Territoriale (RCT) est un espace collaboratif créé de manière spontanée en réponse à la crise du COVID et concerne des acteurs de l'innovation territoriale proches de la direction innovation du CNFPT.

Durant les 18 mois de fonctionnement que cette enquête prend en compte, trois phases se sont succédées :

  • une réaction au choc du 1er confinement avec un fonctionnement en groupes de travail (mars-juin 2020) ;
  • un temps de pérennisation, avec l'élargissement à des agents de collectivités territoriales sur des problématiques identifiées par les acteurs RCT (ex : « nouveau rôle du manager public » ou « implanter le collaboratif dans nos structures ») (automne-hiver 2020) ;
  • un temps de ré-institutionnalisation avec la mise en place de modalités de formation en « cercles apprenants » (au printemps 2021).

Les personnes qui ont participé à cette dynamique du dispositif « Riposte » sont des personnes qui pour beaucoup se connaissaient déjà avant puisque qu'elles ont participé aux activités de cette direction, notamment aux Universités de l'innovation publique qui existaient depuis trois à quatre ans avant la crise. Pour cette étude nous avons sélectionné les acteurs les plus impliqués dans la dynamique de « Riposte », soit treize personnes interviewées par entretien compréhensif [6].

MB Qu'est- ce que les entretiens t'ont permis de comprendre ?

ES : Pour répondre à cette question, il faut préciser le cadrage théorique auquel l'analyse des données se réfère. Il s'agit de la théorie de l'activité d'Yrjö Engeström (Engeström, 2010) qui soutient, entre autres, que la transformation de l'activité s'appuie sur un nouveau concept qui se forme dans un mouvement allant de l'abstrait vers le concret. Sous cet angle il s'agit de comprendre comment le concept de communs influence les changements de pratiques des professionnels dans leur contexte de travail, une fois l'expérience d'apprentissage collectif passée.

Au final, les entretiens m'ont permis de dégager plusieurs étapes de maturité dans la prise en compte du concept de communs dans la conscience ou/et dans les pratiques des personnes interviewées. C'est le résultat principal de cette étude : établir un cheminement des conscientisations du concept de communs qui s'effectue dans un double mouvement :

  • interne, lié à une une prise de conscience progressive du sens du concept ;
  • externe : un moment où les personnes commencent à agir de manière visible, au nom du concept particulier, ici, donc, les communs.

La grille de compréhension

La figure qui suit catégorise les moments signifiants de la formalisation du concept de « communs » à partir de la description des activités professionnelles réalisées par les enquêtés, avant, pendant ou après l'expérience de RCT. Chaque catégorie s'accompagne des exemples de verbes d'actions estimés les plus explicites pour comprendre le sens attribué à la catégorie choisie.

En premier « Etre exposé à sans intention particulière » :

Les personnes sont prises dans un mouvement sans une intention personnelle clairement formulée ; elles sont en quelque sort exposées aux usages d'un concept qui ne fait pas partie de leur culture. L'expérience vécue est positive « je me sentais bien dans ce paysage des personnes ou dans cet environnement des personnes qui parlaient des communs » (comme le disent les interviewés) ; c'est probablement une condition pour que le souhait d'approfondissement apparaisse.

En second « Agir en conscience mais sans poser les mots justes » :

C'est un autre cas de figure : on peut faire des communs sans le savoir. C'est d'ailleurs la situation de la plupart des « commoneurs », tels la grande majorité des 20 000 acteurs des jardins partagés en Bretagne qui pratiquent les communs en actes [7]. Dans le cas de RCT, quelques dizaines de personnes ont contribué occasionnellement à la dynamique sans pour autant avoir conscience de participer à un commun.

au départ du dispositif RCT, pour beaucoup de participants la notion de communs a été introduite par les deux animateurs du projet. « le terme de communs est d'emblée affiché pour rendre compte de la manière de fonctionner du collectif : “Ces communautés de pratiques ouvertes sont animées dans une logique de communs comme une modalité de fonctionnement de communs attribuée aux productions collectives. Cela se traduit par les règles de fonctionnement (« accords de groupe ») proposées et discutées par les acteurs de la communauté : (1) toute personne peut contribuer ; (2) tous les échanges, notes de réunions, sont publiés et restent accessibles y compris aux non participants ; (3) à ces productions sont attribuées une licence qui les protège comme communs (Creative Commons by sa).

Toutefois, ce terme de communs est consenti plus qu'il n'est choisi au moment de la création de RCT. Il fait consensus puisque sa compréhension est chargée d'ambiguïtés surtout pour les acteurs du service public qui l'associent avec la notion d'intérêt général et parfois même l'utilisent en synonyme de « mise en commun ».

Les étapes suivantes, sont elles liées à une prise de conscience progressive « Prendre conscience la faire émerger » :

  • en sédimentation lente :

Vivre des situations qui interpellent. Cela se produit dans un mouvement de l'inconscient vers l'intentionnel, sans pour autant que le croisement avec un concept ait eu lieu. En participant à l'espace de RCT où tout ce qui est produit est mis en ligne, donc partagé avec les autres, chacun peut contribuer et publier directement sans passer par une validation de sa hiérarchie. Beaucoup de personnes sont interpellées par ce mode de fonctionnement qui n'est pas habituel dans leur organisation.

  • par interpellation, étonnement

Cela se passe par la découverte : « tiens, quelqu'un parle de communs et ça nous fascine. » Elle peut s'accompagner de l'effet « wouahou », un enchantement qui surgit lorsqu'un événement fort se produit imposant sinon une remise en cause, toit au moins un arrêt réflexif et un examen d'un fonctionnement habituel « oui, ça me parle ; c'est quelque chose auquel j'aimerais bien m'intéresser ».

A partir de ce moment du processus, l'attention d'une personne s'éveille et la formation d'un concept devient plus intentionnelle, car dorénavant dotée d'un nom.

L'étape plus avancée de l'appropriation d'un concept (ici : les communs) serait « poser les mots pour soi » :

« Formaliser pour soi », « prendre les mots des autres » sont des expressions qui témoignent cette prise de conscience. Si, nous l'avons dit, au début de RCT seuls les concepteurs de l'espace faisaient clairement référence au terme de communs, les entretiens montrent qu'avec l'expérience de RCT, la compréhension de ce concept s'affine et s'harmonise. Elle rentre dans le vocabulaire des participants : neuf interviewés sur treize emploient ce mot pour définir RCT.

Puis « fertiliser le terreau » :

Vient ensuite cette étape d'enrichissement ou comme l'exprime certains de « cultiver le terreau » de ce nouveau concept. Cela peut prendre des formes très diverses, par exemple lire des textes sur les communs, échanger avec des personnes actrices des communs, etc...

Les verbes associés à ses formes d'activités sont : « cultiver la passion », « maintenir le questionnement », « aller butiner », « observer ». Il reste à noter que cette phase de fertilisation du terrain peut être extrêmement longue.

« Vouloir changer », « vouloir externaliser » :

C'est un moment décisif pour passer à l'action. Il est comparable à ce que l'on désigne par la conversion des opportunités vers les choix effectifs (Sen 1984/2008). Les expressions collectés dans nos données qui illustrent cette phase sont : « changer ses représentations, « être intimement convaincu », « avoir un concept à disposition », « vouloir accompagner son changement », « vouloir intéresser les autres parce ce que sa vision a changé ». A partir de ce moment, et si des conditions externes convergent, un passage à l'action peut avoir lieu.

« Effet bascule » :

C'est la prise de conscience mise en actes qui fait bascule. J'appelle ça « un point bascule » puisqu'il existe clairement un « avant » et un « après » dans la manière d'agir des acteurs concernés. Cela s'exprime par une phrase telle que : « Non, là, je ne peux plus faire comme avant. ».

Cet effet de bascule, dans le cas des Ripostes, était assez facile à identifier, puisque qu'il s'est produit dans un moment de crise entendu au sens large comme étant une période difficile, traversée par un individu, par un groupe et qui entraîne une recomposition et transformation du système qui n'est plus opérant. La crise peut donc faire basculer l'intention vers l'action mais la forme de l'action choisie dépend d mate la maturité du concept qui oriente la structuration d'un nouveau système de l'activité.

« Construire son nouveau système d'activité » :

A ce stade, la personne commence à justifier l'envie de faire autrement son métier : « depuis toujours, j'ai considéré qu'il faut que je fasse mon métier de telle manière ; là, je ne peux pas faire autrement. » Cette volonté de changement - s'exprime de différentes manières : s'investir, expliciter aux autres, faire converger le « déjà-là ».

Le changement implique la construction d'un nouveau système d'activité. Dans les données collectées, les expressions sont nombreuses pour décrire ce changement : « se donner un espace d'autorisation », « faire des petites touches », « se connecter au concret » ou « structurer le nouveau processus », « formaliser », « expliciter le sens »...

C'est une première étape d'ancrage dans la réalité. Dans le cas de RCT, le nouveau systéme d'apprentissage que les personnes ont commencé à concevoir correspond à un nouveau dispositif de formation, les cercles d'apprentissage [8].

« Légitimer dans son environnement de travail » :

C'est une forme plus implantée de la transformation. Elle se traduit par les verbes d'action tels que : « légitimer l'action », « se connecter aux autres semblables », « modéliser, connecter la recherche », « expliciter la démarche aux autres ». Non seulement on produit des transformations par petites touches de ses activités, mais on commence à diffuser ces comportements dans la culture de sa structure. Dans cette étape, la constitution d'alliances est nécessaire pour établir un rapport de force favorable et pour garantir une durabilité du système d'activité naissant.

Et la dernière étape, « connecter aux enjeux de société »

est la plus mature de l'appropriation d'un concept de communs que nous avons identifié dans les données collectées (présente seulement pour une personne interviewée). A ce niveau, il s'agit d'un élargissement du périmètre d'actions possibles : le désir de transformation s'ancre dans l'environnement de vie, au-delà de l'espace d''activité professionnelle. L'engagement dans cette logique de communs s'exprime en connexion aux enjeux de société et s'illustre par la construction d'un réseau de partenaires et associatif, l'implication dans une dynamique de territoire.

MB Merci de cette présentation de la grille d'appropriation du concept de communs. Quelle suite pour ce champ d'études de la transformation professionnelle et personnelle ?

ES : Cette étude a mis en exergue le processus de transformation à partir d'une appropriation d'un concept de communs : nécessairement long et en partie invisible. La linéarité de l'échelle est indicative car, en réalité la progression dépend de nombreux facteurs externes ou internes (les aléas de la vie quotidienne ou bien les conditions du contexte professionnel plus ou moins favorables, ou encore les dispositions des personnes à percevoir et intégrer ce qui s'offre à elles comme une ressource utile).

C'est un outil d'appréciation d'un cheminement d'une transformation des pratiques à partir d'un concept de communs, évalué sur la base de ce qui est, ou pas « déjà-là » dans la conscience des personnes.

Pour la suite nous voudrions approfondir la compréhension des transformations des pratiques dans des environnements professionnels qui découlent d'une pratique de productions de communs. Ce faisant, nous voudrions vérifier la thèse de Pharo (2022), qui considère que le désir de rétablir une part de communs dans la vie sociale équivaut à une forme renouvelée d'émancipation. Selon lui, agir au nom des communs permet de créer des espaces intermédiaires d'équilibre ; cela en contrepoids des logiques marchandes et de la recherche de performance.

Il pourrait être intéressant de questionner la robustesse des transformations prenant appui sur les communs : en quoi les communs produisent de manière effective des changements dans les organisations ? Mais aussi, quelle est la force émancipatrice des communs au sein de collectifs de travail ? C'est d'ailleurs l'axe de travaux conduits actuellement avec un spécialiste du sujet d'émancipation Jérome Eneau.

Cette nouvelle étude s'effectue à partir du projet Utilo [9], décrite par des personnes qui y sont engagées au sein d'une communauté d'acteurs de l'innovation publique territoriale. Ces acteurs se rencontrent dans un espace de tiers-lieu de l'innovation territoriale le « Tilab » qui est un laboratoire d'innovation publique porté par la Région et les services de l'état en région Bretagne. Nous souhaitons décrire ce processus d'émancipation qui prend appui sur la participation aux communs : de quoi on se libère ? pour aller vers où ?

Bibliographie

Coriat, B. (2017). Communs, l'approche économique. Dans, M. Cornue, F. Orsi, J. Rochfeld (dir.) Dictionnaire des biens communs (p. 266- 269). PUF

Engeström, Y. (2010). Activity Theory And Learning At Work. Dans M. Malloch, L. Cairns, K. Evans, & B. O'Connor, The SAGE Handbook of Workplace Learning (p. 86-104). Sage publications.

Pharo, P. (2020). Éloge des communs. Presses Universitaires de France.

Sanojca, E. (2018). Les compétences collaboratives et leur développement en formation d'adultes. Le cas d'une formation hybride. Thèse de doctorat en Sciences de l'éducation. Rennes, Université Rennes 2. (en ligne sur : https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-01709910)

Sanojca, E. Briand, M. (2022). The ‘commons' as a new value in adult learning. Proceedings of the 10th ESREA Triennial European Research Conference. University of Milano Bicocca, September 29 – October 2 2022, Milano, Italy (sous presse).

Sen , A (1984/2008) Capability and Well-Being. Dans D. M. Hausman (ed.) Phe philosophy of economics : an anthology (pp. 270-293). Cambridge University Press


[1] les phrases mises en citation sont extraites de la traduction de l'article (Sanojca, E. Briand, M. , 2022)

[2] Voir à ce sujet l'article :
"Les compétences collaboratives et leur développement en formation d'adultes. Le cas d'une formation hybride." qui présente quelques résultats de la thèse qui "cherche à identifier les compétences à développer pour travailler plus facilement avec les autres avec un éclairage sur ces capacités d'agir, appelées par convenance « compétences collaboratives », ainsi que les modes opératoires de leur développement en formation". (Sanojca 2018)

[3] En réponse à la crise du Covid-19, le labo du CNFPT a lancé la "Riposte créative territoriale" dès mars 2020, à l'initiative de membres de la communauté de l'innovation publique territoriale (retrouvez l'appel initial). L'objectif ? Co-construire, avec les collectivités territoriales, les réponses formatives innovantes pour faire face à ces défis complètement inédits, en mobilisant l'intelligence collective. Comment développer des modes d'apprentissage dans l'urgence, pour des solutions créatrices de valeur sociale pour le service public territorial et la démocratie locale ? Notre intention fait écho à l'alerte de Bruno Latour : « Si on ne profite pas de cette situation incroyable pour changer, ce serait gâcher une crise. » extrait de la présentation de la génèse en ligne.

[5] Sanojca, E. (2018). Les compétences collaboratives et leur développement en formation d'adultes. Le cas d'une formation hybride. Thèse de doctorat en Sciences de l'éducation. Rennes, Université Rennes 2.

(en ligne sur : https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-01709910 ).

Cette étude s'inscrit dans dans l'intérêt que je porte aux processus de coopération que je divise en trois temps :

  • le premier, préalable à la coopération, concerne les caractéristiques individuelles des personnes ;
  • le second sur le processus lui-même : comment les personnes font pour travailler ensemble ;
  • et enfin comment s'élabore le produit collectif et quelle est la relation à ce produit collectivement réalisé.

[6] Dans une visée compréhensive, l'enquête relève d'une démarche qualitative et s'appuie sur deux sources de données :

  • les treize entretiens compréhensifs (Kaufmann, 2011) où la sélection des interviewés prenait en compte le critère d'implication dans RCT (les plus actifs). Cela représente 7 femmes et 6 hommes, majoritairement cadres de la fonction publique (85 %), acteurs du réseau de l'innovation publique territoriale, avec une expérience de 2 à 3 ans minimum (77%).
  • dans une moindre mesure, les données textuelles à partir des productions des groupes impliqués dans la dynamique de RCT.

[7] avec pour chaque jardin une gouvernance particulière adaptée au contexte de leur jardin voir à ce sujet Vert le jardin.

[8] les cercles proposés viseront à s'ouvrir au paradigme de l'apprenance en multipliant les espaces ouverts, collectifs, réflexifs, expérientiels, fondés sur l'autonomie des apprenants pour favoriser leurs apprentissages à l'intérieur et à l'extérieur de leurs espaces dédiés.

Ces cercles viseront donc à répondre aux attentes des participants en proposant une opportunité de transformation à partir de leur expérience professionnelle. Ils seront donc des espaces apprenants mais aussi capacitants (Cf. Monique Castillo, Christian Batal et Solveig Oudet) dans la mesure où ils contribueront au développent du pouvoir d'agir des participants.

Extrait de la page de présentation des cercles sur RCT

[9] Comment animer une communauté d'entraide et susciter l'intelligence collective pour concevoir ou faire avancer un projet ? Quelles sont les méthodes et pratiques sur lesquelles on peut compter pour animer un atelier coopératif, mener une démarche participative dans son ensemble, ou encore aider à la mise en place d'un projet de co-conception ?

Voici les questions que se sont posés les pionniers de la communauté UTILO. Ce groupe de 25 agents publics venant de 14 administrations et collectivités différentes ont alors créé collectivement le guide UTILO.

extrait de la page de présentation du projet


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Nantes Université s'investit pleinement dans l'Éducation Ouverte et ce, à travers la feuille de route stratégique adoptée en novembre 2022.

C'est dans ce contexte, que nous organisons, en juin, 3 ateliers dédiés aux RELs, au sein de Nantes Université, en collaboration avec le Centre de Développement Pédagogique et les Bibliothèques Universitaires :

  • Le 6 juin de 17h à 18h ” Les RELs pour quoi faire ? “, à la Halle 6 Ouest (île de Nantes). Sur la base de cartes inspirantes, cet atelier vise à réfléchir ensemble aux raisons pour lesquelles on veut faire des RELs.
  • Le 15 juin de 11h30 à 12h30 Je crée ma REL” Cet atelier vise à vous initier à la création d'une REL en réutilisant des éléments existants et en y adossant une licence.
  • Le 27 juin de 12h à 13h30 “Je crée ma REL”, au Lab BU Sciences, Campus Lombarderie à Nantes. Cet atelier vise à vous initier à la création d'une REL en réutilisant des éléments existants et en y adossant une licence.
Illustration de l'atelier “Les RELs pour quoi faire” du 7 avril 2023

Vous êtes personnel de Nantes Université ? Cet atelier est gratuit et ouvert. Toutes les informations et lien d'inscription ici.

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la chaire Unesco REL -IA

… d’un déshumidificateur ?

En octobre, j’ai été victime de la tempête Kirk et toutes les maisons de mon quartier ont été inondées. J’ai eu de la chance et l’eau n’est pas entrée chez moi, mais par capillarité les murs étaient trempés. L’assurance m’a demandé d’installer un déshumidificateur de chantier. Je suis allé en louer un. Une grosse caisse jaune. Un tuyau permet d’évacuer, goutte à goutte, l’eau. J’ai installé ça chez moi et ça marchait. On entendait le bruit du moteur et des gouttes d’eau (presque un litre par heure quand même !) tombaient dans un récipient.

Puis je me suis demandé comment ça marchait. J’avais introduit chez moi une machine qui était une boîte jaune, dont je voyais les effets mais ne savais rien sur le fonctionnement. Peut-être par chimie ? Un produit qui, mélangé avec l’air, produisait une réaction ? Peut-être des radiations ? Dans les deux cas, cela se passait dans cette mystérieuse boîte jaune et je ne pouvais rien voir. Or, dans les deux cas, cela pouvait être dangereux pour ma famille.

Un autre scénario était possible : peut-être y avait-il déjà de l’eau dans la machine et c’est cette eau qui ressortait (et en réalité, ça ne déshumidifiait rien du tout) ?

Je n’en savais rien… mais ça marchait !

Le technicien m’avait indiqué que si je transportais la machine couchée, j’allais devoir attendre, comme pour un réfrigérateur, avant de la mettre en marche. Cela m’a permis de faire le lien avec la condensation et j’ai pu me créer un modèle mental de ce qu’il se passait. Autrement dit, même si je n’étais pas capable de construire un déshumidificateur moi-même, j’en savais assez pour imaginer ce qu’il se passait et sans doute répondre à la plupart des questions.

À ce stade, on est en droit de se dire que c’est seulement parce que je suis chercheur que j’ai besoin de comprendre et que les êtres humains raisonnables n’ont pas ce besoin. C’est un argument que j’entends souvent.

Bien entendu, le lecteur ou la lectrice aura compris que je ne parle plus ici de déshumidificateur mais d’intelligence artificielle. Je pense que les sommes gigantesques investies par les géants de la tech, par les hommes les plus riches de la planète, ne servent pas seulement à développer ces fascinantes technologies, mais aussi à fausser le débat en nous faisant croire que nous exerçons notre libre arbitre en décidant que gagner du temps est une vertu majeure, ou que comprendre comment ça fonctionne est sans intérêt.

La question de donner à chacun·e la possibilité de comprendre comment fonctionne l’IA est pourtant essentielle. En particulier dans l’éducation. Certains pays (ici, ) essayent pourtant de faire le lien entre l’IA et la pensée informatique, les connaissances informatiques, la logique, les mathématiques. C’est aussi le point de vue que nous défendions dans le manuel ouvert “Intelligence Artificielle pour les Enseignants”.

Le projet européen AI-DL (Artificial Intelligence & Data Literacy) réunira à partir de janvier et pendant trois ans des équipes venant de sept pays (Espagne, France, Irlande, Italie, Lituanie, Luxembourg, Slovénie). Ce sera l’occasion d’expliquer comment fonctionne un déshumidificateur. Je veux dire… l’IA.

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La France a une démarche politique concernant l’introduction de l’IA à l’école. À la Chaire, nous avons eu la possibilité de discuter avec les député·es en février et les sénateurs en juillet. Le 11 juin, nous devions même animer un atelier « IA et pensée critique » à l’Assemblée nationale, mais cet événement a été annulé faute de combattant·es (la dissolution ayant été prononcée le 9). À la Chaire, nous avons beaucoup travaillé avec la DNE (Direction du numérique pour l’éducation) et continuons à le faire. En particulier, nous pilotons aujourd’hui le GTnum GenIAL.

Mais ce serait une erreur de ne pas regarder ce que font les autres !

Lors du sommet de l’ASEF (la Fondation Asie-Europe) à Manille, du 11 au 15 novembre, enseignant·es de nos deux continents ont échangé sur le thème de l’IA. Et avoir l’avis de l’Estonie et de Singapour, deux des champions réguliers du classement PISA, est tout à fait pertinent. Les approches pour introduire l’IA diffèrent terriblement entre un pays qui a misé depuis longtemps sur un enseignement marqué de la technologie et un autre ultra centralisé où le ministère joue un rôle central de coordination. Ah, j’ai failli oublier… dans les deux cas, on paye bien les enseignant·es.

Mais intéressons-nous pour l’instant à nos voisins en Espagne, où ça bouge pas mal en ce moment.

Pour commencer, un article récent de Jordi Pérez Colomé, dans le journal EL PAÍS (édition du 30/10/24), recense des témoignages d’enseignant·es en Espagne et en Amérique latine face à l’arrivée de l’IA. Les mentions légales du site d’EL PAÍS nous empêchent malheureusement de permettre un accès libre à l’article ou à une traduction, mais en voici quelques idées majeures :

  • Dans l’article est évoquée la difficulté croissante des élèves à « faire la part des choses », le fait qu’ils/elles utilisent l’IA à tout va, en particulier parce qu’elle est bien plus présente, y compris dans les réseaux sociaux favoris des adolescent·es (les règles de la Communauté Européenne nous protègent quand même pas mal).
  • Une enseignante indique que le métier d’enseignant·e devient ennuyeux et que l’un de ses grands plaisirs était de voir les progrès accomplis durant l’année par chaque élève, en particulier dans l’écriture. Avec l’utilisation de l’IA générative, il n’y a plus de progrès dans l’écriture…
  • Une autre enseignante explique que dans des environnements où les livres coûtent trop chers, il est indispensable de venir en classe avec son téléphone portable. Ce même téléphone qu’on peut ensuite solliciter (par exemple via l’IA de WhatsApp, disponible en Amérique latine) pour faire les exercices demandés… en classe.
  • Il est aussi question de la lassitude des enseignant·es qui « n’ont pas signé pour ça » et démissionnent.  

Ensuite, l’Assemblée nationale espagnole a un bureau scientifique qui rédige des analyses sur des sujets divers, à la demande des groupes parlementaires. Ils viennent de publier (sous une licence ouverte) un rapport intéressant sur l’IA et l’éducation. Les points clés de ce rapport, très documenté, sont les suivants :

  • Le besoin de former les enseignant·es (!).
  • Le lien avec la technologie et le besoin de former les élèves à l’IA. Pas seulement sur son impact, mais aussi en faisant construire des systèmes aux enseignant·es. Il est ainsi question de former tous les élèves au machine learning (apprentissage automatique).
  • Le lien avec les Ressources Éducatives Libres : la nécessité d’encourager des pratiques de co-apprentissage, tant au niveau des enseignant·es qu’à celui des élèves. Et ainsi de favoriser le partage entre pairs.
Résumé graphique du rapport
CC BY Oficina de Ciencia y Tecnología del Congreso de los Diputados.

Je faisais partie des expert·es interrogé·es pour ce rapport (et je me retrouve très bien dans les conclusions !). Le parlement a fait un gros travail « d’après-vente » en contactant les journalistes et en organisant une réunion avec les député·es. En tant qu’expert, j’ai participé à ces événements. Et en particulier à une émission diffusée sur la télévision publique espagnole sur l’IA et l’éducation.

Par ailleurs, nous avons mené le 12 novembre un atelier avec les député·es, comprenant 1h30 de questions/réponses puis l’utilisation par les député·es d’outils permettant d’apprendre le machine learning. [À noter que, contrairement à la table ronde à laquelle nous avons participé en France en février, cet atelier n’était ni filmé ni diffusé… L’énorme avantage est qu’il a permis des échanges francs sans positions de posture qui semblent être le quotidien du politique dès qu’il y a une caméra… C’est dommage pour la transparence, mais au fond, à la Chaire, nous réclamons aussi des événements socratiques, alors…].

Des échanges avec les député·es, je retiens surtout la prise de position de Carles Sierra, qui a longtemps été président de l’association européenne de l’IA (EurAI, anciennement ECCAI). Pour Carles, il faudrait que nous nous inspirions du secteur médical. Dans les hôpitaux, les praticien·nes sont aussi chercheur·es : la recherche clinique est un aspect essentiel de la recherche médicale, car c’est dans les hôpitaux qu’on teste de nouveaux protocoles, qu’on suit l’impact des traitements. Il faudrait faire de même à l’école et qu’une partie du travail des enseignant·es (ou de certain·es, au moins) consiste à nous renseigner sur ce qui fonctionne et ne fonctionne pas. En suivant des protocoles exigeants, en observant, en documentant avec rigueur.

J’ai l’impression qu’en France, les groupes thématiques numériques (GTnum), coordonnés par la DNE du Ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse, vont dans ce sens. Mais, si Carles a raison, il faut que nous allions encore plus loin.

Le rapport est publié sous une licence CC BY. Avec leur accord, j’en ai fait une traduction (avec l’IA et quelques corrections). Mais qui ne les engage pas. Celles et ceux qui ont la chance de lire l’espagnol peuvent lire la version originale ici : https://www.oficinac.es/es/informes-c/inteligencia-artificial-y-educacion.

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Les 19 et 20 novembre a eu lieu, à Dubaï, le 3ème Congrès mondial des REL.

Le premier avait eu lieu à Paris en 2010 et avait permis à l’UNESCO de se positionner sur la question des REL. En 2017, à Ljubljana, c’est le congrès qui a fait démarrer le processus menant à l’adoption, en 2019, de la recommandation de l’UNESCO. Sept ans plus tard, l’ambition de départ est de faire le point et d’aboutir à une déclaration (dite “déclaration de Dubaï”) affirmant fortement les valeurs de l’éducation ouverte.

La première journée de ce genre d’événements est très protocolaire. La parole est aux ministres, à l’UNESCO (à partir de 10:00), pour faire le point sur ce qui a été accompli depuis 2019. Je suis invité à modérer une session sur les liens entre intelligence artificielle et ressources éducatives libres, en particulier en prenant en compte l’inclusion numérique (à partir de 2h30).
Dr Phumzile Mlambo-Ngcuka a été de nombreuses fois ministre et vice-première ministre de l’Afrique du Sud. Elle nous parle de questions de genre en notant comment l’IA et les REL, parce qu’elles permettent une certaine souplesse, sont à même de contribuer aux questions éducatives des femmes et des filles (en anglais, l’expression consacrée est « women and girls »).
Mr Seizo Onoe, de l’International Telecommunications Union (ITU) cherche à nous convaincre de l’intérêt de la standardisation : l’ITU joue un rôle essentiel dans l’accès aux réseaux.
Mr Kevin Chan est director for Global Policy Campaign Strategies à Meta. Son intervention était en faveur des LLM ouverts : il pense que ce sont les modèles qu’il convient de privilégier. Notons qu’à la Chaire RELIA, nous travaillons en ce moment sur des chatbots “vertueux” qui seraient aussi ouverts que possible.



En tant qu’animateur de la table ronde, j’ai pu mesurer la quantité de sujets essentiels à aborder quand on regarde ensemble les questions d’éducation ouverte et d’intelligence artificielle. J’ai pu également user de mon “droit de conclusion” pour faire une proposition au nom du réseau UNITWIN UNOE que nous coordonnons depuis Nantes.

Session sur IA, REL et inégalités – photographie sous licence CC0.

Assez curieusement, si l’UNESCO demande aux états membres d’appliquer la recommandation de 2019, et si elle publie systématiquement sous licence Creative Commons ses propres rapports, il n’y a pas de règles pour les quelques 1000 chaires UNESCO et 100 réseaux UNITWIN.




J’ai donc proposé, au nom du réseau UNOE, que cela devienne la règle. Le texte de la proposition (en version française) est ci-dessous. Les premiers retours des grands acteurs internationaux des REL et de l’UNESCO sont déjà très positifs. Bien entendu, nous communiquerons les résultats sur ce blog.

Présentation d’UNOE par Dr. Maja Zalaznik, ancienne Ministre de l’Éducation, des Sciences et du Sport de la Slovénie – photographie sous licence CC0.


Le réseau UNITWIN sur l’éducation ouverte propose d’adopter une politique de diffusion ouverte pour toutes les chaires UNESCO et tous les réseaux UNITWIN.

Proposé à Dubaï, lors du troisième Congrès mondial sur les ressources éducatives libres (19-20 novembre 2024).

Le réseau UNITWIN sur l’éducation ouverte (UNOE) est l’une des initiatives de l’UNESCO visant à contribuer à l’agenda de l’éducation ouverte. Lancé en juin 2024, ce réseau mondial réunit les chaires UNESCO et leurs partenaires, dans toutes les régions du monde, qui travaillent sur l’éducation ouverte.

UNOE apprécie l’importance du programme UNITWIN/Chaires UNESCO établi il y a plus de 30 ans, dans le but de favoriser la collaboration interuniversitaire et de renforcer les capacités institutionnelles grâce au partage des connaissances et aux initiatives de recherche collaborative.

Pour l’aider à accomplir sa mission, UNOE est convaincu de la nécessité de partager ouvertement les cours, les ressources, les données et les résultats des chaires UNESCO et des réseaux UNITWIN.

Les chaires UNESCO sont des entités où les connaissances sont créées, collectées et conservées. Conformément à la Recommandation de 2019 sur les ressources éducatives libres et à la Recommandation de 2021 sur la science libre, lorsque les chaires UNESCO diffusent ces connaissances, elles ont une responsabilité spécifique : les mettre à la disposition de tous, ouvertement et gratuitement.

Le premier jour du troisième Congrès sur les REL à Dubaï, nous, le réseau UNOE, proposons que, systématiquement, la diffusion des articles de recherche et autres documents écrits des membres du programme UNITWIN/Chaires UNESCO soit effectuée en libre accès, et que les documents éducatifs soient distribués comme des ressources éducatives libres. Nous proposons que l’UNESCO en fasse une politique.

Si l’UNESCO adopte cette idée, UNOE, le réseau UNITWIN sur l’éducation ouverte apportera son soutien en partageant du matériel, en organisant des webinaires et en aidant toutes les chaires UNESCO à transformer leurs pratiques.

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Ce sera le thème abordé lors d’une conférence, le jeudi 5 décembre. Du 2 au 9 décembre, nous participerons en effet à la semaine de l’Éducation Ouverte, organisée par Nantes Université. Si vous n’avez pas connaissance de cet évènement, vous pouvez retrouver ici les différents temps forts de la semaine : ateliers, conférences, tables rondes et même un escape game !

Parmi les thématiques évoquées, l’une résonne particulièrement au sein de la Chaire UNESCO RELIA : celle des IA génératives. Il s’agit d’un sujet d’actualité dans le domaine de l’éducation et nous nous intéressons notamment aux enjeux de l’IA dans l’éducation ouverte. C’est lors d’une conférence animée par Colin de la Higuera, le 5 décembre, que nous en discuterons.

En effet, l’intelligence artificielle est devenue un acteur de l’éducation. Si elle a la capacité de nous aider, enseignant·es et étudiant·es, elle peut aussi nous poser de nombreux problèmes. Les idées et outils de l’éducation ouverte permettent de mieux comprendre comment utiliser l’IA pour qu’elle nous soit vraiment utile.

Informations pratiques

Où ? Campus Tertre, BU Lettres – Salle Le Plateau
Quand ? 5 décembre 12h00 – 13h00
Inscription via cette page (cf. Thématique 2)

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Le vendredi 20 septembre 2024, dans le cadre de la Nantes Digital Week, nous avons organisé la journée Penser face à l’IA, à quoi bon ?. Cet événement, co-construit avec la Chaire UNESCO “Pratiques de la philosophie avec les enfants et les adolescents”, la Halle 6 Ouest et avec le soutien du rectorat de Nantes, a proposé une exploration collective des enjeux éthiques et philosophiques de l’intelligence artificielle.

Dans la continuité de l’article écrit par nos collègues philosophes, nous vous proposons ici un retour d’expérience complémentaire.

Une matinée dédiée aux lycéen·nes : comprendre pour mieux questionner

La journée a débuté par un parcours spécialement conçu pour trois classes de seconde de l’agglomération nantaise (La Colinière, Livet, Nelson Mandela), invitant les élèves à découvrir les enjeux de l’IA au travers d’une série d’ateliers participatifs.

Chaque élève a clôturé ce parcours en formulant une question en lien avec ce qu’il ou elle avait appris. Ces 117 questions, anonymisées, ont été précieuses pour alimenter les discussions du Café Jasette de l’après-midi. Ce geste simple a permis d’intégrer la perspective des jeunes dans le débat tout en fournissant un point de départ authentique et inspirant pour les échanges.

Visuel reprenant les 117 questions des lycéen·nes formulées à l’issue du parcours.
[Réalisé avec l’application en ligne https://www.nuagesdemots.fr/ et Canva.]

Focus sur l’atelier : Apprendre face à l’IA, à quoi bon ?

La Chaire UNESCO RELIA a développé spécialement pour cette journée un nouvel atelier. Conçu pour être ludique et débranché, cet atelier utilisait un jeu de cartes pour expliquer les concepts de classification et d’algorithmes de décision.

Dans un scénario fictif, les participant·es doivent recréer la logique de Noé 2.0, un « classifieur » d’animaux dans une arche, en construisant un modèle d’arbre de décision.

Chaque participant·e reçoit une carte représentant un animal et une couleur. La mission ? Découvrir la règle de classement implicite en testant collectivement des hypothèses.

En plus de familiariser le public aux processus algorithmiques, cet atelier a soulevé des questions cruciales sur les biais et les choix éthiques en IA. Grâce à ce format, les participant·es ont pu saisir des concepts techniques tout en réfléchissant à leurs implications éthiques.

Un après-midi ouvert à toutes et tous : entre ateliers et Café Jasette

À partir de 14h, l’événement s’est ouvert à un public plus large. Les participant·es pouvaient rejoindre les mêmes ateliers que ceux proposés le matin, ou entrer et sortir librement du Café Jasette, un espace de discussion inspiré et adapté d’un concept québécois*.

L’esprit du Café Jasette repose sur des principes socratiques : privilégier l’échange spontané, sans captation vidéo ou sonore, et surtout sans discussions préparatoires entre les intervenant·es. Ce choix audacieux visait à éviter que les échanges les plus riches se produisent uniquement en coulisses, inaccessibles au public. En laissant émerger les idées en temps réel, le Café Jasette a su capturer la vitalité et la profondeur des débats, tout en créant un espace d’égalité entre intervenant·es et participant·es.

Les discussions, alimentées par les questions des lycéen·nes, ont permis d’aborder des thèmes variés tels que la transparence des algorithmes, les droits d’auteur·es ou encore la pensée critique. Cette liberté d’aller et venir, associée à un cadre informel, a encouragé des échanges authentiques et ouverts.

Photographies de la Nantes Digital Week, issues de leur photothèque.

* pour en savoir plus sur ce concept, nous vous invitons à consulter l’article suivant : Dube, M., Soukpa, M.-S. (2024). Une jasette autour d’une éducation ouverte et durable. Service de soutien à la formation, Université de Sherbrooke. Sous licence CC BY. 

Une mémoire visuelle et partagée des échanges

Afin de préserver l’esprit de la journée sans entraver la fluidité des discussions, nous avons privilégié une facilitation graphique et une restitution filmée.

Émilie Renaud, ingénieure pédagogique à Nantes Université et formée à la facilitation graphique, a accepté notre invitation à cette journée. Elle a capturé en direct les idées clés des discussions, offrant une synthèse visuelle des échanges.

Facilitation graphique

Facilitation graphique

par Émilie Renaud

Facilitation graphique

Facilitation graphique

par Émilie Renaud

Facilitation graphique

Facilitation graphique

par Émilie Renaud

Facilitation graphique

Facilitation graphique

par Émilie Renaud

Facilitation graphique

Facilitation graphique

par Émilie Renaud

Facilitation graphique

Facilitation graphique

par Émilie Renaud

En clôture, une restitution filmée en présence des intervenant·es a permis de partager les réflexions majeures avec les lycéen·nes et le grand public.

Ces supports, alliant souplesse et rigueur, prolongent les réflexions amorcées tout au long de cette journée singulière et interdisciplinaire.

Une première expérience riche d’enseignements

Le public du matin, composé de lycéen·nes accompagné·es par leurs enseignant·es, représentait un groupe restreint et ciblé. Au travers d’un parcours initiatique, ces jeunes ont découvert les enjeux de l’IA et formulé des questions qui ont servi de point de départ aux échanges de l’après-midi.

Ces questions ont ensuite trouvé écho dans un contexte plus ouvert, où un public élargi a pu participer aux discussions du Café Jasette ou approfondir certains aspects par des ateliers. Ce croisement entre une réflexion initiale, issue d’un public spécifique, et des échanges ouverts avec des expert·es et un public diversifié nous semble intéressant dans son format.

En mêlant exploration éducative et liberté d’échanges, cette journée a permis de construire des ponts entre différentes perspectives et publics. Nous retenons de cette expérience l’importance de créer des espaces d’échanges interdisciplinaires et hybrides, à la fois cadrés et ouverts, pour penser ensemble des enjeux aussi complexes que ceux liés à l’IA.

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certains articles mentionnés portent sur l'Intelligence Artificielle du fait du double sujet de la chaire


en attendant un flux RSS des articles de la fabrique des REL au Québec

et quelques ressources