la mobilisation des apprenants

pages 63 à 69 du rapport : "Sensibiliser et former aux enjeux de la transition écologiqueet du développement durable dans l’enseignement supérieur (pdf)"

VI. Favoriser la mobilisation des apprenants

Les apprenants sont une force motrice majeure pour l’évolution des formations face aux
enjeux de la Transition écologique. Les jeunes générations vivent et vivront pleinement
l'urgence environnementale et les crises sociales et sanitaires qui l'accompagnent. Leurs
décisions et actions, en tant que citoyens et professionnels, seront décisives pour faire de la
transition écologique une réalité. Dans l’immédiat, ils veulent participer aux évolutions de
l’Enseignement supérieur qui les concernent directement. La https://www.ipsos.com/fr-fr/79-des-jeunes-se-disent-interesses-par-la-thematique-du-rechauffementclimatique demande de la jeunesse est claire : quatre jeunes sur cinq s’intéressent à la thématique du réchauffement climatique, sans pour autant en avoir une connaissance solide. En particulier, 69% des étudiants souhaitent être davantage formés aux enjeux environnementaux.
Si l’engagement de certains apprenants semble relativement naturel, la souhaitable mobilisation
du plus grand nombre justifie un effort spécifique pour :
  • faciliter l’expression de propositions par les apprenants, leur prise en compte dans les
processus d’évolution des formations;
  • amplifier la co-construction apprenants-enseignants de l’intégration de la Transition
écologique dans l’offre de formations et dans les enseignements ;
  • favoriser les initiatives individuelles, collectives ou associatives des étudiants.

A. Favoriser l’expression et renforcer la prise en compte de la parole des apprenants

L’écoute de la parole des apprenants est une richesse pour améliorer les pratiques des
communautés académiques, ces dernières en font l’expérience au quotidien. Certains
établissements ont déjà fait évoluer leur stratégie, souvent sous l’impulsion des apprenants qui, d’une manière générale, peuvent pousser les structures qui ne se sont pas encore engagées
à se lancer. Néanmoins, par le passé, les formes de mobilisation des étudiantes et étudiants pour
la transition écologique ont pu être très diverses et disparates. Faute de moyens, d’expérience,
et face à la multiplication des organisations étudiantes nationales, les messages délivrés par les étudiants peuvent être brouillés ou peu lisibles par les pouvoirs publics.
Les étudiantes et étudiants peuvent intervenir sur l’évolution des formations à plusieurs
niveaux, que ce soit à travers :
  • d’échanges informels avec les enseignants et équipes pédagogiques,
  • les réponses aux enquêtes ou sondages et l’évaluation d’amélioration des formations,
  • le cas échéant, la participation aux comités d’amélioration des formations.
Les étudiants les plus motivés ont aussi pu, en intervenant en tant que représentants ou acteurs
mobilisateurs, à travers leurs représentants, la vie syndicale ou les associations :
  • porter un plaidoyer pour des changements dans les établissements, souvent appuyés sur
un sondage et des événements de communication, visant à mobiliser un grand nombre
d’apprenants pour mieux interpeller et demander collectivement à la communauté de
l’établissement de faire évoluer son organisation et ses pratiques.
  • impulser et co-porter des évolutions, à travers la création et/ou la participation à un
groupe de travail dédié,
  • participer à l’évaluation de la stratégie de l’établissement et de ses formations, au sein
des instances dédiées,
  • changer d’échelle avec l’impulsion de projets mutualisés ou communs à travers les
partenariats et réseaux d’établissements,
  • créer des liens avec les acteurs de la société (entreprises, associations, services publics,
collectivités territoriales…) intéressés à proposer des collaborations ou des besoins
susceptibles de se traduire en projets tutorés, en études de cas, en stages, en projets pour
la junior entreprise.
Les associations et fédérations nationales facilitent ce travail en transmettant conseils et retours d’expérience. À titre d’exemple, ces démarches peuvent être facilitées par la signature de l’accord de Grenoble et l’accompagnement associé.
Au-delà de ce qui est déjà prévu par le Code de l’éducation, avec les élus aux conseils centraux
des établissements, l’organisation d’espaces institutionnels d’expression de la parole des
étudiants sur la stratégie et l’offre de formation des établissements est discutée plus haut (Cf.
chapitre IV-B-2), de même que la participation des étudiants à la transformation des formations
(Cf. chapitre II-B). Ajoutons que les alumnis peuvent également participer à ce plaidoyer, ces
expressions poussant un établissement ou une équipe pédagogique à faire évoluer sa stratégie
et son offre de formations, en partageant leur expérience à la fois de l’établissement et des
attentes des employeurs. En principe, ils sont représentés dans les comités de suivi des
formations. Ils constituent une force interne à l’établissement orientant l’offre de formations
par l’apport de ressources (taxes d’apprentissage, sujets de projets tutorés, de stages,
recrutement favorisé de diplômés…). Dans certains établissements, des collectifs d’alumnis
engagés pour la Transition écologique jouent un rôle majeur pour favoriser ces évolutions des
formations.
Recommandation :
Le MESRI et le MTE pourraient soutenir l’organisation d’une convention nationale des
étudiants pour la transition écologique en mobilisant les organisations étudiantes nationales.

B. Co-construire les formations et les enseignements avec les apprenants

La participation active des étudiantes et étudiants à l’élaboration des maquettes et des
enseignements produit des dynamiques bénéfiques pour tous. Elle favorise notamment
l’adéquation des formations aux attentes des apprenants et à leur niveau de connaissances et de
compétences. L’expression des étudiants lors de l’évaluation pour l’amélioration continue des
formations est une première étape, mais une participation plus active lors de d’élaboration de
la maquette, que ce soit au moment de sa préparation par les équipes pédagogiques, ou de sa
validation grâce à l’action des élus étudiants au conseil d’administration des écoles et dans les
conseils centraux des universités (CA, CFVU).
Comme souligné dans la partie II, l’enjeu n’est pas uniquement de transmettre des
connaissances, mais aussi de réviser les modalités d’apprentissage. La co-construction de la
formation avec les étudiants favorise l’élaboration de modalités pédagogiques innovantes et
actives, apportant une réelle valeur ajoutée en veillant à l’adéquation de la méthode retenue
avec les usages de la génération concernée. Par exemple, les étudiants peuvent développer des
tiers-lieux favorisant l’apprentissage par les pairs, des formes d’échange de connaissances, de
troc de compétences, des serious games, des débats et de la co-construction de solutions…
Recommandation :
Les étudiants sont associés au déploiement de l’approche par compétences décrite dans la partie
II-C.

L’engagement favorise un lien avec le territoire, que ce soit via l’apport de compétences et
d’énergie aux employeurs et acteurs locaux, ou à travers la participation à des projets d’intérêt
local. L’intégration et la valorisation de ces activités en lien avec le territoire dans les parcours de formation est possible. A titre d’exemple, Ecolab ou l’université d’Avignon proposent une unité d’enseignement optionnelle ouverte à tous correspondant au montage d’un projet lié à la Transition écologique d’acteurs du territoire en étant accompagné par un enseignant.
D’autres établissements valorisent les projets menés avec des acteurs du territoire dans le cadre
de leur Junior Entreprise. Les différentes modalités de collaboration entre l’établissement et son territoire, telles qu’identifiées dans le chapitre dédié (IV-D), peuvent être mobilisées pour
impliquer les étudiants avec les besoins des acteurs locaux.

C. Favoriser et soutenir la vie associative et de campus

L’impulsion provenant des apprenantes et apprenants est en effet souvent le fait de collectifs,
notamment en ce qui concerne l’intégration de la Transition écologique dans les formations et
dans la vie de campus. Au-delà de leur rôle d’encapacitation et d’expérimentation de la
collaboration de groupe, les projets associatifs eux-mêmes sont un bon moyen d'apprendre et
d'acquérir des connaissances et compétences pour la Transition écologique, par exemple en :
  • réalisant des actions de sensibilisation diverses (conférences, projections-débats, disco
soupes, fresques du climat ou de la biodiversité…) ;
  • agissant pour un campus durable :
    • amélioration du tri, compostage,
    • mise en place d’un jardin partagé, d’un espace végétal protégé,
    • développement de moyens de production locale d’énergie,
    • projets liés à la restauration (achats de proximité, coût, qualité, bio, végétalisation des repas, lundis verts des CROUS…),
    • partenariat avec une Association de Maintien d’une Agriculture Paysanne,
    • encouragement des déplacements à vélo (Lille, Nantes, La Rochelle, Grenoble, Strasbourg, Rennes…) et en transports en commun,
    • rationalisation des transports lors des mobilités nationales et internationales à
travers la préférence donnée aux transports terrestres, régulation de l‘usage et de l’impact des outils numériques… ;
  • favorisant un fonctionnement plus écologique dans les autres associations (sportives,
BDE…), notamment lors des évènements ;
  • et de très nombreuses autres formes d’initiatives associatives.
La Semaine Étudiante du Développement Durable (SEDD), coordonnée par le RESES, ou la
réalisation d’une Rentrée Climat avec La Fresque du Climat, sont des événements importants
permettant de structurer les projets et renforcer leur visibilité auprès des étudiants, ce qui
renforce la capacité de sensibilisation. Ces exemples sont parmi ceux les plus cités dans le
panorama réalisé pour ce rapport. Les associations étudiantes, environnementales (RESES,
Pour un réveil écologique, Convention pour la transition des Établissements du Supérieur,
Together for Earth…), les fédérations de territoire ou de filière (locale comme nationale)
contribuent largement à cette dynamique. D’autres initiatives très diversifiées sont indiquées
dans le document annexé à ce rapport relatif aux exemples concrets.
Des forums des métiers spécifiques et orientés vers la Transition écologique sont organisés,
ainsi que des débats autour de cette thématique dans les forums métiers classiques pour valoriser
l’articulation des besoins et de l’offre de compétences.
Plusieurs éditions de la Fête de la science ont mis à l’honneur la transition écologique, qui
trouve un écho certain auprès des publics. La Fête de la Science favorise chaque année 3 500
événements et plus de 10 000 animations pour favoriser le partage de la culture scientifique, de
ses connaissances et de ses recherches. Sur les 3 dernières années (2018-2020), les sciences de
l’environnement sont la thématique la plus présente au programme (en moyenne 22% des
événements dans le cadre de ce programme national). D’ailleurs en 2022, la thématique du
prochain livre « Sciences en bulles » qui accompagne chaque année la Fête de la Science
présentera les travaux de recherche menés par 10 doctorants et sera exclusivement consacrée à
la thématique : « Transition climatique : atténuation et adaptation ».
La vie associative et les projets étudiants bénéficient de ressources via le FSDIE104 et la CVEC,
qui doivent être en mesure de soutenir l’ensemble des projets viables en matière de Transition
écologique pour la vie de campus et l’évolution de l’offre de sensibilisation et de formation. Le
champ d’application de la CVEC n’aborde pas explicitement la Transition écologique du fait
de la nature transverse de celle-ci. Néanmoins, elle y est bien incluse et de nombreux
établissements utilisent déjà la CVEC pour soutenir des initiatives étudiantes en matière de
Transition écologique.
Recommandation :
Le soutien aux initiatives des associations étudiantes en matière de Transition écologique
justifie la mobilisation de la contribution de vie étudiante et de campus105 (CVEC).

Le rôle proactif de coordination de quelques étudiants moteurs est un point majeur dans le
succès des actions. Ils permettent de structurer la bonne volonté générale des étudiants,
d'entraîner avec eux leurs collègues, d'alléger l’effort initial pour se lancer et participer à une amélioration considérée comme positive. Ces étudiants moteurs doivent bénéficier d’une
reconnaissance de leur apport à l’établissement et dans leur parcours de formation grâce à la
mise en place de dispositifs dédiés :
  • validation des connaissances, compétences et aptitudes acquises,
  • aménagement des études (dont enseignement à distance, emplois du temps etc.),
  • droits spécifiques (accès à des locaux, des ressources…).

Le Fonds de solidarité et de développement des initiatives étudiantes (FSDIE) d'un EPSCP est un fonds permettant à tous les étudiants inscrits de créer des projets personnels hors cursus. Principalement destiné au financement des projets portés par des associations étudiantes, son objectif est de s'adresser prioritairement aux autres étudiants mais aussi à la communauté de l'établissement dans son ensemble. Le FSDIE est alimenté par une partie des droits d’inscription payés par les étudiants chaque année. Son montant est donc très variable d'un établissement à l'autre. Le fonds peut être abondé par d'autres moyens provenant des universités, de l'Etat, des collectivités locales, du mécénat.